Qu'est ce que les Egun-guns ?
Egun-gun, kluto ou kouvito chez les fons représente les ancêtres revenus au pays des vivants pour une prescription ou une bénédiction. C'est un Tohio (ancêtre divinisé d'une collectivité). Il est très important et sa sortie est précédée de grands rituels. Il traverse le pont entre les morts et les vivants pour éradiquer et dénoncer le mauvais comportement des humains du clan auquel il appartient.Le Egun-gun est un culte d'origine yoruba, il représente la communion entre les vivants et les ancêtres. Il s'est retrouvé dans l'aire Adja- Tado suite à des victoires militaires ou à des alliances avec des groupes voisins selon la dynamique du cumul des puissances et d'appropriation des forces religieuses d'autrui. Il est souvent lié à une divinité. C'est la divinité par excellence du culte. Elle est puissante et très vénérée.Le masque egun-gun est dédié aux défunts. Il est réservé aux hommes, assisté par une femme âgée aux pouvoirs extraordinaires. Elle est l'incarnation de Oya Igbalé, l'épouse de Shango qui est un ancien roi d'Oyo divinisé. Elle symbolise le lien entre les dieux et les ancêtres. Son fils "égun" né après huit enfants mort-nés donne son nom au culte qui sert de moyen de communication entre les morts et les vivants.La fonction du culte est avant tout de résoudre les problèmes de la communauté et de divertir, mais la premiere fonction prime sur la seconde du fait de son caractère sacré. Cette dimension le distingue des masques profanes, car les egun-egun sont frappés de nombreux interdits qui entrainent des sanctions sévères. C'est ce qui explique que le egun-gun soit une société secrète dont la loi du silence est la base.
Le couvent des éguns-gun est interdit à toute personne non-initiée sous peine de mort. La mort intervient également lorsque, pendant une surchauffe de l'ambiance alors que les égun-gun poursuivent les spectateurs, ces vêtements touchent ces derniers.les Egun-gun étant d'un autre monde, leurs costumes ne sauraient toucher un simple mortel sans lui causer du tort.La sortie du masque est périodique, pour célébrer et invoquer les morts. Les egun-gun sortent plutôt durant les saisons sèches avant les vagues de chaleur qui annoncent la pluie ; durant une fête qui s'appelle le Odun Egun. Cependant, les collectivités peuvent décider de la sortie du masque lors de diverses cérémonies claniques, partant de la naissance jusqu'à la mort. Ces cérémonies sont conditionnées par des préparatifs religieux mais aussi par des précautions occultes. Pour éviter que d'autres forces ennemies ne ridiculisent le clan ou ne fasse subvenir des évènements malheureux, ces préparatifs passent par la consultation du fà ou ifà. Cette consultation peut être pour toute la société concernée ou individuelle pour ceux qui doivent porter le masque. Les masques sont nombreux et sont en rapport avec leurs noms et les concepts clé du monde yoruba, ils se regroupent selon ceux qui valorisent les enfants, ceux qui valorisent l'argent, ceux valorisent des vertus et fustigent des défauts, ceux qui expriment des jugements de la vie, ceux qui sont liés à une confrérie professionnelle ou religieuse et ceux qui sont importés entre autres.
Dans ce culte les masques n'ont pas forcément un lien avec leurs tenues cependant les costumes gardent tous les critères d'esthétique communs à l'aire culturelle yoruba. Ils se doivent d'être beaux afin de communiquer une impression de vigueur et de prospérité. Même s'ils diffèrent selon les régions, ils doivent dissimuler entièrement la divinité de celui qui porte le masque et sont constitués des mêmes matériaux à savoir en majeur partie des étoffes de coton, en raphia, auquel on ajoute des matériaux comme le cuir, du bois, et du métal. A ces matériaux sont associés des végétaux et des animaux sacrifiés, des cornes de bovidés et des crâne d'animaux.L'animal le plus présent est le singe parce selon la tradition cet animal serait le premier égun d'où la voix proche de ce dernier. Dans la suite du costume on retrouve aussi des coquillages, les accoutrements doivent être très diffèrents des humains pour inspirer crainte et augmenter la tragédie et doivent être différents en eux. La sortie des masques est précédée du travail des hommes pour le cadre que les hommes occuperont ainsi que les prières au divinités, consultations des oracles s'en suivent. Les femmes prépareront la nourriture durant toute la durée des festivités. Toutefois leur rôle ne se résume pas à la seule préparation des mets. Elles assistent au haut niveau les dignitaires. parmi elles, Iya Agan et Iyalodé sont les adjointes du Alagba.La premiere est la prêtresse de la divinité du culte. Les femmes jouent également un rôle dans le chur qui accompagne les masques en l'organisant et peuvent même interdire la sortie à un masque sans pour autant avoir accès au couvent ou à la forêt selon l'endroit qui sert de vestiaire aux masques. De plus, elles sont conseillères et collectent les cotisations. Elles peuvent interdire la sortie d' un masque durant la cérémonie, une préoragative ordinairement réservée aux Alagba et Oba. La veille des cérémonies, les Egun-gun prient sur la tombe des ancêtres jusqu'à ce moment sacré ou ils préviennent la maison Alapini du début des festivités. Cest à ce moment que les masque sortent sous le contrôle des" mariwo" qui sont des gardiens qui empêchent que leurs costumes ne touchent les spectateurs. Le tam-tam parlant accompagne leurs danses durant tout le spectacle. Il est associé au "gbon" qui se joue assis, suivi de panégyriques car le tam-tameur est à la fois un historien, compositeur et poète et c'est sur ces différents rythmes(Adé, abébé ,Yagba, Koto, Agbannon) que les masques divertissent le public.
Le couvent des éguns-gun est interdit à toute personne non-initiée sous peine de mort. La mort intervient également lorsque, pendant une surchauffe de l'ambiance alors que les égun-gun poursuivent les spectateurs, ces vêtements touchent ces derniers.les Egun-gun étant d'un autre monde, leurs costumes ne sauraient toucher un simple mortel sans lui causer du tort.La sortie du masque est périodique, pour célébrer et invoquer les morts. Les egun-gun sortent plutôt durant les saisons sèches avant les vagues de chaleur qui annoncent la pluie ; durant une fête qui s'appelle le Odun Egun. Cependant, les collectivités peuvent décider de la sortie du masque lors de diverses cérémonies claniques, partant de la naissance jusqu'à la mort. Ces cérémonies sont conditionnées par des préparatifs religieux mais aussi par des précautions occultes. Pour éviter que d'autres forces ennemies ne ridiculisent le clan ou ne fasse subvenir des évènements malheureux, ces préparatifs passent par la consultation du fà ou ifà. Cette consultation peut être pour toute la société concernée ou individuelle pour ceux qui doivent porter le masque. Les masques sont nombreux et sont en rapport avec leurs noms et les concepts clé du monde yoruba, ils se regroupent selon ceux qui valorisent les enfants, ceux qui valorisent l'argent, ceux valorisent des vertus et fustigent des défauts, ceux qui expriment des jugements de la vie, ceux qui sont liés à une confrérie professionnelle ou religieuse et ceux qui sont importés entre autres.
Dans ce culte les masques n'ont pas forcément un lien avec leurs tenues cependant les costumes gardent tous les critères d'esthétique communs à l'aire culturelle yoruba. Ils se doivent d'être beaux afin de communiquer une impression de vigueur et de prospérité. Même s'ils diffèrent selon les régions, ils doivent dissimuler entièrement la divinité de celui qui porte le masque et sont constitués des mêmes matériaux à savoir en majeur partie des étoffes de coton, en raphia, auquel on ajoute des matériaux comme le cuir, du bois, et du métal. A ces matériaux sont associés des végétaux et des animaux sacrifiés, des cornes de bovidés et des crâne d'animaux.L'animal le plus présent est le singe parce selon la tradition cet animal serait le premier égun d'où la voix proche de ce dernier. Dans la suite du costume on retrouve aussi des coquillages, les accoutrements doivent être très diffèrents des humains pour inspirer crainte et augmenter la tragédie et doivent être différents en eux. La sortie des masques est précédée du travail des hommes pour le cadre que les hommes occuperont ainsi que les prières au divinités, consultations des oracles s'en suivent. Les femmes prépareront la nourriture durant toute la durée des festivités. Toutefois leur rôle ne se résume pas à la seule préparation des mets. Elles assistent au haut niveau les dignitaires. parmi elles, Iya Agan et Iyalodé sont les adjointes du Alagba.La premiere est la prêtresse de la divinité du culte. Les femmes jouent également un rôle dans le chur qui accompagne les masques en l'organisant et peuvent même interdire la sortie à un masque sans pour autant avoir accès au couvent ou à la forêt selon l'endroit qui sert de vestiaire aux masques. De plus, elles sont conseillères et collectent les cotisations. Elles peuvent interdire la sortie d' un masque durant la cérémonie, une préoragative ordinairement réservée aux Alagba et Oba. La veille des cérémonies, les Egun-gun prient sur la tombe des ancêtres jusqu'à ce moment sacré ou ils préviennent la maison Alapini du début des festivités. Cest à ce moment que les masque sortent sous le contrôle des" mariwo" qui sont des gardiens qui empêchent que leurs costumes ne touchent les spectateurs. Le tam-tam parlant accompagne leurs danses durant tout le spectacle. Il est associé au "gbon" qui se joue assis, suivi de panégyriques car le tam-tameur est à la fois un historien, compositeur et poète et c'est sur ces différents rythmes(Adé, abébé ,Yagba, Koto, Agbannon) que les masques divertissent le public.
L’origine,du Gèlèdé
Le Gèlèdé est avant tout une émanation du pouvoir des « mères » (Lyami) et il cherche tout d’abord à capter leurs bienfaisances, en leur rendant hommage à travers « Iya Nla », la mère primordiale. Les mères ont le pouvoir de donner la vie et elles sont les intermédiaires les plus favorables pour accéder aux divinités. Ce sont elles qui rendent sacrés les objets présents dans les rites cérémonials exécutés exclusivement par les hommes. Ces derniers portent le poids de leur costume et une femme ne pourrait détenir la force suffisante pour exercer les mouvements corporels exigés pendant les cérémonies. Danse, musiques, chants et leurs symboles associés (costumes et masques de bois) sont les formes retenues pour les manifestations de cet art divinatoire.
Sculpture et peinture de masques en bois
Le patrimoine oral Gèlèdé est aussi porteur d’un art incontournable : la sculpture de masques, dont les particularités résistent à l’épreuve du temps et nourrissent la création artistique contemporaine. Eloi Lokossou, créateur des masques-colonnes, marie adroitement les savoir-faire de la fabrication des masques Gèlèdé et des colonnes proverbiales yorubas.
La sculpture de masques est d’ailleurs classée parmi les arts majeurs de la culture Yoruba-Nago. Son expression repose sur un processus très codifié. Chaque masque est composé d’un visage conventionnel et bien défini. Par contre, l’ornement du masque laisse libre court à la créativité de l’artiste. En effet, la sculpture Gèlèdé est la concrétisation ou la matérialisation d’un poème ou d’un message.
Musique et danse
Une fois le masque sculpté et sacralisé, il va prendre vie au travers d’une danse, accompagnée par un orchestre composé de quatre tam-tam de tailles différentes :
• « Iya Ilu » : tambour mère
• « Ako Ilu » : tambour mâle
• « Omélé Abo » : tambour d’accompagnement femelle
• « Omélé Ako »: tambour d’accompagnement mâle
À Ofia, village béninois à proximité de Kétu, on nous explique que la musique est l’essence même du Gèlèdé. L’expression « Gèlèdé » évoque le son des tam-tams que l’Océan a envoyé jadis à des enfants du bord de mer. Ces derniers ont immédiatement tenté de mémoriser ces sonorités et de les reproduire. Pour cela, ils ont ramassé des coquillages sur le sable, les ont reliés les uns aux autres et les ont portés à leurs chevilles. Ce jour, les rythmes du Gèlèdé sont nés.
YORUBA La divinité Oro à l'origine au benin
Le mythe raconte que Ogou, le dieu du fer avait demandé à sa sœur Oro, une divinité de sexe féminin et dieu du vent, de venir sur la terre pour offrir des sacrifices à Dieu, le créateur en colère, pour demander son indulgence et obtenir son pardon, après que des divinités qui vivaient toutes avec Dieu l'aient offensé.
Dans son voyage vers la terre, la légende révèle que Oro s'est mise toute nue, et a confié ses habits à une autre divinité qui l'accompagnait, à mi-chemin entre le ciel et la terre, afin de permettre au sacrifice de vite se propager aux quatre vents.
Etant venue sur la terre pour déposer le sacrifice composé de tous les fruits, les femmes qui ont vu toute nue Oro ont commencé par se moquer d'elle. La divinité a essuyé des coups de fouet, des jets de pierres. Confuse et couverte de honte pour sa nudité, le dieu du vent est allé se cacher dans une forêt. La divinité qui l'avait accompagné est retournée au ciel pour informer Ogou de la situation.
Ogou, dieu de la vengeance et de la justice descendit et tua toutes les femmes. Il bloqua le chemin aux hommes qui étaient allé aux champs, et leur réclama sa sœur. Les hommes répondirent qu'ils n'en sont pour rien. Mais ils tenaient à expliquer à Ogou qu'une dame est venue nue, et s'est cachée dans la forêt, suite à l'acharnement des femmes contre elle.
Arrivé à l'entrée de la forêt, Ogou l'appela. Oro refuse de sortir parce qu'elle était toute nue. Ogou l'a vêtu avec des branches de rameaux. «Repartons maintenant au ciel», ordonna Ogou. Oro s'obstina et choisit la forêt pour demeure, avec pour compagnons fidèles qui lui donneront à manger dans la forêt, les hommes. «A partir de ce jour, seuls les hommes sont autorisés à me suivre dans mes consécrations rituelles. Les femmes, pour avoir vu et ne pouvant pas se garder de me vilipender ne me verront plus. Quiconque d'entre elles commet ce déicide est voué à la mort», a censuré Oro.
Emue, la divinité Ogou prit la décision sur elle de rester sur la terre avec sa sœur Oro pour la venger. Raison pour laquelle, le dieu du fer cohabite avec sa sœur Oro dans la forêt.
La légende indique que cette situation a provoqué la descente sur la terre de plusieurs autres divinités pour qui Dieu a créé une atmosphère invivable, du fait de leurs offenses.
Oduduwa : la révolution de la civilisation Yoruba
Oduduwa : la révolution de la civilisation Yoruba
La civilisation Yoruba est probablement une de celles qui laissent le plus marques visibles aujourd’hui encore d’un génie, d’une vitalité culturelle, politique, administrative et religieuse anciens et enracinés en Afrique précoloniale. Tant et si bien que l’art souvent qualifié de réaliste d’Ilé-Ifé a alimenté des spéculations absconses sur son origine exogène à l’Afrique. Dans son ouvrage «L’Afrique noire précoloniale» Cheikh Anta Diop, suivant en cela les travaux de Olumide Lucas, avançait que ce peuple avait séjourné dans l’antiquité en Egypte pharaonique, sur foi des nombreuses similitudes et identités de langues, de croyances, de coutumes, de culture matérielle, de noms de personnes, de choses ou d’objets.
Les origines [post-nilotique ?] de cette civilisation, selon plusieurs sources et hypothèses différentes sur la genèse et les migrations de ce peuple, renvoient au personnage de Oduduwa, au cœur de la fondation du royaume. Heriberto Feraudy Espino dresse une synthèse de l’histoire de ce peuple intitulée «Des Yorubas : Ses Origines», que l’on ré-intitulerait peut-être plus justement par «Des origines des Yorubas», publiée par le magazine culturel cubain Cubarte, qu’Afrikara diffuse après relecture et correction. Le texte de base ayant très probablement été écrit en espagnol puis traduit en français dans un second temps.
Au-delà des discussions et découpages historiographiques, une forte unité culturelle dans l’esprit des origines et des pratiques de pouvoir et de vivre-ensemble se dégage de ce texte. L’importance des questions de légitimité, de légalité, d’éthique du pouvoir et d’exigence dans la conduite des affaires publiques interpelle et pousse à la réflexion sur une vision africaine du politique, du sacré, du progrès.
Accompagné de ses collaborateurs ils ont dû abandonner la Mecque et entamer une longue et fatigante marche vers Ile-Ifé. Ils marchèrent pendant 90 journées et autant de nuits. Tout cela est arrivé après Mahomet.
Dans son intérêt pour ramener l´Islam aux religions préislamiques, Oduduwa, a fait transformer la grande mosquée de la ville en temple et d´un jour à l´autre, on l´a vu remplir des objets rituels, fabriqués par le prêtre Asara, qui avait un enfant nommé Braima, lequel croyait en l´Islam comme dans le jour de sa naissance. Pendant sa jeunesse, il se dédiait à vendre les fétiches de son père et comme il était un fanatique de l´Islam, il n´aimait pas du tout cette tâche.
Lorsque Braima annonçait ses articles il disait : «y t-il quelqu´un qui veuille acheter ces faussetés ? ».
Braima a grandi avec tant de haine dans son cœur que lorsqu´il a eu l´âge convenable il a détruit à coups de hache les dieux fabriqués par son père. La hache principale est restée accrochée au cou de l´idole principale qui avait une figure humaine.
Tout au début on ne savait pas qui avait été l´auteur de l´hérésie, mais on fit une enquête et finalement on découvrit l´iconoclaste. Questionné, il a dit : « demandez à cette idole ce qu´elle a fait ». Les interrogateurs lui demandèrent s´il pensait que l´idole pouvait parler et alors Braima répondit : «Pourquoi adorez-vous des choses qui ne parlent pas ? ».
Alors on recueillit du bois pour le bûcher et on apporta des casseroles d´huile pour les allumer. Braima fut brûlé pour son crime de profanation. La guerre civile éclata et les mahométans les plus puissants vainquirent les partisans de Oduduwa. Lamurudu fut assassiné et ses enfants et continuateurs chassés de la ville.
Selon les traditions citées par Samuel Johnson, dans son ouvrage History of Yoruba, une des grandes interrogations sur les Yorubas selon lesquelles ils viendraient d´un endroit au Nord qui pourrait être la Mecque, le Haut Egypte, la Nubie ou le Nil se trouverait résolue.
Selon la version de Johnson, Oduduwa et ses enfants ont déclaré une hostilité mortelle contre les Musulmans de leur pays et ont décidé de se venger, mais Oduduwa est mort à Ilé-Ifé avant d´être assez fort pour entreprendre une marche contre ses ennemis. Selon cette tradition, Okambi le fils aîné de Oduduwa, nommé Ideko Sedoake, est mort aussi à Ilé-Ifé laissant sept princes et princesses à partir desquels sont nées plusieurs tribus de la nation Yoruba.
Des Mythes et des Légendes sur Oduduwa
Une tradition du Bénin raconte que Oduduwa était un prince que l’on appelait Ekaladerhan, fils de Owodo, le dernier Ogiso, titre par lequel on désignait les dirigeants du Bénin, le nom d´un royaume enclavé dans les terres de Nigeria et qu´actuellement on nomme l´état de Bendel.
Ekaladerhan était le fils unique d´Owodo. On raconte qu´en conséquence des intrigues familiales, les épouses d´Owodo et lui s’étaient réunis et à la suite de longues discussions l’avaient convaincu que l´oracle exigeait qu’il tue son fils, sinon elles n´auraient plus d´enfants. On raconte qu´Ogiso médita longtemps et décida de ne pas tuer réellement son fils, mais de l’éloigner de la communauté.
Selon les habitants du Bénin, appelés à l´époque igodomigodos, le jour où Ekaladerhan abandonna la ville avec ses collaborateurs fut un jour pénible, angoissant, un jour froid, sans pluie ni soleil. Le peuple accueillit la nouvelle avec beaucoup d’émotion. Ils avaient pensé que peut être le prince Ekaladerhan pourrait succéder son père à la mort de celui-ci, sachant que à cette époque au moins 30 ogisos avaient renoncé au pouvoir pour cause de luttes de pouvoir et des conflits internes. Ils voyaient maintenant leurs plans frustrés et ils souffraient sous la férule d´un roi qui était en train de renier de son fils. Par désapprobation de l’attitude de l´Ogiso Owodo, le peuple prit la décision de le détrôner.
La légende raconte que cet événement fut suivi d´une longue période d´instabilité politique dans l´ancien Bénin.
De même les témoignages affirment que lorsque Ekaladerhan fut chassé par son père, il arriva à Ilé-Ifé avec ses accompagnateurs et le peuple de cet endroit, étonné, les regardait de façon oblique, sans pouvoir comprendre la langue qu´ils parlaient. On dit que Ekaladerhan après avoir marché un long chemin, suivi par des curieux, chercha un espace approprié et il s´assit, observé avec insistance par les regards surpris de ceux qui l´entouraient. Il commença à raconter sa triste histoire en langue bini méconnue des habitants d´Ilé.Ifé
Ceux qui parvinrent à le comprendre racontèrent par la suite que Ekaladerhan avait expliqué comment il avait été fidèle à son père qu´il admirait et respectait et que cependant, guidé par les intrigues et l´ignorance dans un acte d´injustice et de cruauté, ce dernier l´avait chassé de son royaume. Il ajouta que dans de telles circonstances, le prince était devenu un vagabond, sans gloire ni fortune.
On raconte en plus que de tous les mots prononcés par l´ancien prince, celui qui eut le plus grand impact sur les villageois d´Ilé Ifé fut Iduduwa. Chaque fois qu´on parlait avec lui on l´entendait dire ce mot. Avec le temps on apprit qu´il s´agissait d´un mot appartenant à la langue bini dont le sens était chagrin, affliction, remord, littéralement cela veut dire « je me suis heurté avec la fortune ». Les habitants d´Ilé-Ifé ont interprétèrent le vocable Iduduwa comme le nom de Ekaladerhan et changèrent sa prononciation, ils commencèrent à l´appeler Oduduwa.
La tradition dit qu´un jour arrivèrent à Ilé-Ifé plusieurs messagers des igodomigodos. Afin d´informer le prince de la mort de son père et de le supplier de retourner à son village natal pour assumer le trône. A ce moment Oduduwa avait installé son propre gouvernement, avait sa famille et il avait perdu en plus tout intérêt à revenir sur les lieux d´où il avait été expulsé. Pour cette raison il se refusa catégoriquement à agréer la demande des envoyés, qui insistèrent sur la nécessité de stopper le déclin des Ogisos. Ils lui parlèrent des temps de morts et de mauvaises récoltes, du règne de la méfiance installée partout ; ils lui promirent qu´ils allaient changer et qu´ils allaient garder l´unité d´Igodomigodo comme la prunelle des yeux de Dieu voit tout.
Oduduwa paraissait de ne pas les entendre. Tandis que les messagers parlaient il s´était maintenu tout le temps yeux fermés, plongé dans une sommeil tranquille. Tout d´un coup et comme s´il s´était réveillé d´une longue réflexion il cria : « D´accord ! » Je vous promets d´envoyer mon fils Oranyán et je vous assure qu´il saura gouverner aussi bien et même mieux que moi. Alors les messagers, les mines heureuses et solennelles, baissèrent leurs têtes et marmonnèrent : Qu’il soit ainsi, qu’il soit ainsi ! Et le vieux continua de parler :
«- Avant tout il faut me donner une preuve que vous mêmes et tous ceux qui sont restés à Igodomigodo sont devenus sérieux et responsables». Les messagers s´y engagèrent en leur nom et au nom des autres. Oduduwa fit une proposition. Il envoya 7 poux aux chefs de ce peuple afin de les faire soigner et de les faire revenir trois ans plus tard, s´ils étaient capables de les garder. Une fois écoulé le temps, les poux furent rendus sains et saufs, ils avait grandi et pris du poids et ils avaient même une meilleur coloration.
Oduduwa touché et impressionné par une telle attitude avait compris qu´un peuple qui avait été capable de garder avec tant de soins et avec ténacité 7 insectes insignifiants, pouvait mériter de recevoir son fils et il le leur envoya.
Pour les habitants du Bénin cette histoire qu´explique qu´on attribue à Oranyan la fondation de ce royaume et qu’il soit considéré comme le véritable et authentique roi d´Ilé-Ifé. D´après cette légende, Oranyán est arrivé au Bénin où il s´est marié. Il a eu un fils appelé Eweka et après avoir habité durant quelques années dans le palais d´Usuma, il est rentré dans Ilé-Ifé. On dit alors qu´Eweka est monté au trône du Bénin en tant qu´Eweka I. Cela est arrivé autour du 1200 de notre ère.
Parmi les récits connus sur Oduduwa certains qui relatent qu´il s´agissait d´une femme. Dans le livre Religion of the Yorubas, d´Olumide Lucas on dit qu´il agit d´une femme, l´épouse d´Obbatalá. Cet auteur arrive même à affirmer qu´il s´agit d´une déesse survivante d´une déité de l´ancien Egypte et que le nom Oduduwa peut être divisé en deux parties : Odu et Dua. Le mot Odu signifie « un chef », un grand personnage, tant que le mot Dua vient de l´ancien mot égyptien Dua-t qui signifie « l´autre monde ». C´est pourquoi Odu-Dua signifie le « chevalier de l´autre monde » ou la « maîtresse de l´autre monde ». L´auteur nous explique que le titre de chevalier de l´autre monde a été appliqué pour la première fois au dieu Ra et à Osiris et plus tard à d´autres déités de l´autre monde. Ce qui est vrai c´est que cette version d´Oduduwa en tant que femme est la moins crédible et inconsistante de toutes les existantes.
Une version à caractère historique nous présente Oduduwa appelé aussi Oodu ou Olofin en tant qu´un guerrier qu´affronte Obbatalá, le leader du peuple Igbo, basé à Ilé-Ifé. On spécule qu´Oduduwa a ordonné la rédaction d´une constitution pour le peuple d´Ilé-Ifé et la mise en place d´un gouvernement qui devait être dirigé par lui-même. Lorsque Obbatalá a appris cette décision s´est opposé catégoriquement, en disant qu´il possédait autant de mérites ou plus que Oduduwa. Dans le prolongement des conflits entre les deux leaders, Obbatalá n´a pas tardé à se soulever dans les collines Ifé et il a été suivi de son peuple. A la suite d´une bataille longue et acharnée Obbatalá a été vaincu par Oduduwa et ses hommes.
Un historien nigérien raconte qu´avant Oduduwa, il y avait 13 groupes de hameaux en Ilé-Ifé et celui appartenait à l´un d´eux. Chaque hameau avait un chef ou roi (oba) et ils gouvernaient par roulement.
Lors du règne d´Obbatalá, Oduduwa appartenait à un groupe qui habitait les collines de Oke Ora et c’est à partir de cet endroit qu’il l´affronta. Cette lutte a duré une génération et à la fin s´est imposé le groupe Oduduwa qui a remporté la victoire grâce à l´appui décisif d´une belle femme appelée Moremi.
Une tradition raconte que lorsqu le conflit a éclaté entre les deux groupes, Moremi, qui appartenait au groupe d´Oduduwa et qui, on suppose, a été sa femme, se demandait à maintes reprises quel était le secret des victoires obtenus par l´ennemi. Obsédée par cette idée on raconte que Moremi se serait rendue à côté de la rivière et elle promit aux dieux que si elle parvenait à deviner le secret d´Obbatalá, en tant que récompense elle sacrifierait son fils unique nommé Oluorogbo. Selon cette légende la belle Moremi s´est laissée prendre par les Igbos, les gens d´Obbatalá, et une fois dans le camp ennemi elle a pu savoir en quoi consistait la tactique de combat, dont le mystère consistait à couvrir les corps des soldats d´Obbatalá de feuilles afin de se déguiser en esprits. Ainsi chaque fois que les suiveurs d´Oduduwa voyaient ces feuilles vivantes en train de marcher, ils fuyaient sur le champ. Il y a aussi un récit selon lequel Moremi a pu connaître le secret parce qu´elle devint la maîtresse du roi des Igbos et gagna sa confiance. Moremi réussit à s’échapper avec le secret et elle révéla tout à Oduduwa. A partir de ce moment Oduduwa pu vaincre son ennemi. Moremi tint parole et sacrifia son fils dans la rivière Ezimirin.
A la suite de la victoire d´Oduduwa, il se dédia à la mise en place d’une monarchie bien organisée et il parvint à unir les 13 hameaux. Certains chercheurs affirment qu´après la mort d´Oduduwa les deux groupes se sont unis moyennant un accord dans lequel l´autorité politique était exercée par le groupe d´Oduduwa à travers un symbole, la couronne d´Are, tandis que les fidèles à Obbatalá obtinrent l´autorité religieuse. Obbatalá possède aussi une grande importance en tant qu´artiste chef et ont dit que pendant son règne le titre Obbatalá avait un caractère suprême parmi les Igbos et c´est à cette période que furent réalisés des chefs d´oeuvre d’art et d’artisanat.
Pour Abimbola, professeur et chercheur Yoruba reconnu, Président de l´Université d´Ilé-Ifé et auteur de plusieurs ouvrages sur les traditions et les croyances de ce peuple, ainsi que pour d´autres auteurs, Oduduwa a créé le gouvernement moderne ainsi que les institutions et les organisations qui ont donné son prestige à la nation Yoruba. Selon Abimbola, Oduduwa a été le premier Ooni ou Olofi. Il a eu plusieurs épouses, parmi lesquelles Olokun Seniade, Osara et Ojummo-Yanda. Pour certains il eut 7 enfants, pour d´autres 16.
Dans son ouvrage A History of West Africa 1000-1800, l’historien réputé Basil Davidson avance que l´un des enfants d´Oduduwa est devenu le premier Alafin d´Oyó, ainsi que le père du premier Oba du Bénin. Un autre de ses enfants a été le premier Onisabe de Sabe; on parle aussi d´une fille aînée qui fut la mère du premier Alaketu de Ketu à Dahomey, tandis qu´une autre de ses filles fut la mère du premier Olowu de Owu. Il serait mort aveugle à 150 ans.
Plus nous fouillons dans l´histoire Yoruba les coïncidences frappantes sur l´existence réelle d´Oduduwa apparaissent. Le Dr Atanda dans une étude intéressante à ce sujet a écrit ce qui suit: « Bien qu´Oduduwa ait été une immigrant ou un aventurier politique, sa présence a été un pilier dans l´histoire du peuple Yoruba. Ilé-Ifé a atteint sa gloire grâce à cet homme. Quelle qu’ait été son origine, la tradition est très claire sur le fait qu´il a lutté pour le pouvoir politique en terres Yoruba. Il a guidé le peuple d´Ifé à supporter et à écraser l´agression de quelques voisins puissants décidés à détruire le royaume naissant ».
Finalement on considère que la révolution d´Oduduwa a eu lieu entre la fin du 9eme siècle et le début du 10eme, à partir de laquelle émergèrent les autres royaumes et empires Yorubas.
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